Portant tous deux les stigmates de la lèpre, Soknim et Vanthi ont décidé de faire un beau mariage pour être pleinement acceptés par leur communauté.

DES MARIÉS QUI DEFIENT LES PRÉJUGÉS

En ce jour d’avril écrasé par la chaleur, Soknim et Vanthi sont arrivés au centre de réhabilitation de Kien Khleang, à Phnom Penh, ils ont invité les employés de CIOMAL à assister à leur mariage prévu samedi 4 mai chez la mariée dans un village de Kompong Cham: « Sil vous plaît, venez nombreux, cela nous aidera à prendre notre place dans le village et nous protégera du jugement de la communauté. » Un appel entendu. Près de la moitié des employés de CIOMAL se sont libérés pour assister à l’événement.

Soknim et Vanthi se sont connus au centre de Kien Khleang, où ils se trouvaient en traitement. Soknim, atteinte aux jambes, aux mains et au visage, avait rejeté plusieurs autres demandes en mariage, en partie par piété filiale, mais aussi par manque de confiance et d’estime de soi. « Les premiers signes de la maladie sont apparus lorsque j’avais 15 ans, raconte-t-elle. Mais j’étais dans le déni tellement cela me terrifiait. A 20 ans, mes pieds et mes mains ont commencé à se déformer. On m’a envoyée à Kien Khleang pour être soignée. Une fois, la trithérapie terminée, les médecins avaient beau me dire que j’étais guérie, le mal était fait, les stigmates étaient visibles et j’avais tellement honte de mon apparence que je ne sortais plus de la maison. »

Pour la protéger, de peur qu’elle soit maltraitée, ses parents l’avaient convaincue d’éconduire tout courtisan potentiel. Car, en dépit de ses handicaps, Soknim est forte, travailleuse et débrouillarde, des valeurs très prisées par les prétendants cambodgiens. Elle a d’ailleurs fait un emprunt à CIOMAL pour s’acheter le matériel servant à décortiquer le riz et pouvoir monter une affaire lui permettant de gagner sa vie. La quarantaine passée, Soknim a fait une croix sur la maternité. Cela ne l’a pas empêchée d’adopter une adorable fille, sa nièce Srei Pich, aujourd’hui âgée de 12 ans.

Vanthi, handicapé aux jambes et aux mains, a aussi essuyé plusieurs refus de Soknim. Il a alors trouvé une autre épouse, a eu des enfants, devenus aujourd’hui adultes. Après son divorce, il a de nouveau tenté sa chance auprès de Soknim. Cette fois, Soknim a dit oui, en dépit de la réticence de ses proches. « Ma famille avait peur qu’il me fasse du mal, d’autant qu’il avait déjà été marié, explique-t-elle. Mais je l’aime et je sais qu’il m’aime ». De fait, connu pour être autoritaire et imposant, Vanthi se montre docile comme un agneau devant sa femme. Un détail qui n’a pas échappé à leur entourage.

Originaire de Prey Veng, Vanthi s’apprête à vivre à Kompong Cham, avec sa femme et la petite Srei Pich, comme le veut la tradition.

Aujourd’hui, toute la famille est heureuse de cette union, et surtout reconnaissante envers CIOMAL d’avoir participé au mariage. Une cérémonie qui a concrètement contribué à briser la stigmatisation envers les personnes frappées par la lèpre.

JE PEUX CHANGER UNE VIE DÈS AUJOURD’HUI

Les personnes atteintes de la lèpre souffrent d’une terrible discrimination et d’un isolement absolument injuste. 
Les malades n’ont souvent pas accès à des traitements médicamenteux car ils sont trop chers pour eux.  Un don même minime peut aider à fournir les traitements nécessaires et donner aux personnes atteintes de lèpre une nouvelle vie.